Sécurité du don du sang : communiqué de l’AFH

L’Assemblée nationale décide de ne plus faire de l’orientation sexuelle un obstacle au don du sang : une idée généreuse… mais pour qui ?

Vendredi 3 avril, l’Assemblée nationale, à l’occasion de l’examen du projet de loi de santé, a adopté l’amendement suivant : « Nul ne peut être exclu du don du sang en raison de son orientation sexuelle », venant ainsi compléter l’article L. 1211-6-1 du code de la santé publique.

Tout risque et toute augmentation du risque reposent exclusivement sur les receveurs des produits sanguins. Or, sans leur demander leur avis, l’Assemblée nationale a décidé, pour des raisons d’équité sociale, d’augmenter ce risque.

En effet, les études épidémiologiques concluent que les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) représentent un risque 200 fois supérieur d’être contaminés par le VIH et de transmettre la maladie durant la fenêtre de contamination silencieuse, comme l’a rappelé le Comité consultatif national d’éthique, le mercredi 31 mars dernier, citant une étude publiée en 2010 (Le Vu S. et al. Incidence de l’infection par le VIH en France, 2003-2008. BEH 30 novembre 2010, 45-46:473-6).

Cette affirmation n’est pas discriminatoire, c’est une réalité scientifique.

En matière de santé publique toute mesure portant sur l’évaluation d’un risque doit être examinée avec une grande rigueur scientifique.

L’Association française des hémophiles (AFH) refuse toute mesure qui ne s’appuierait pas sur ce principe et qui pourrait augmenter les risques de contamination pour les malades bénéficiaires du don du sang.

Ce principe s’applique notamment au VIH, aux hépatites B et C, aux agents infectieux récemment découverts et à ceux jusqu’ici inconnus et donc indétectables. En effet, l’apparition de nouveaux agents pouvant se transmettre par transfusion sanguine n’est pas rare. Au cours des années récentes, sont apparus, en autre, des virus comme le virus du Nil occidental, l’hépatite E ou la maladie de Chagas.

L’AFH rappelle que le don du sang n’est pas un droit, seule la sécurité des bénéficiaires des traitements issus du don du sang en est un.

Jusqu’à présent, plusieurs groupes de personnes étaient exclus en raison d’observations statistiques et épidémiologiques d’un risque accru d’infection. Les HSH en faisaient partie. Ils n’étaient pas les seuls.

Ainsi, sont exclus du don du sang notamment, les personnes qui ont séjourné dans les pays où la malaria est endémique, les personnes hémophiles et leurs partenaires et les individus ayant séjourné au Royaume-Uni entre 1980 et 1996 en raison du risque de transmission du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob

En aucun cas ces exclusions ne doivent être regardées comme des mesures discriminatoires.

Il s’agit tout simplement de mesures de santé publique nécessaires à la réduction des risques de contamination des receveurs du don du sang.

La sécurité des malades recevant des produits sanguins doit être la seule préoccupation des pouvoirs publics. Lorsqu’un changement, quel qu’il soit, concernant la politique d’exclusion est envisagé, il est indispensable d’effectuer une évaluation du risque fondée sur les preuves scientifiques disponibles. Ce qui n’a pas été le cas lors du vote de l’Assemblée nationale.

Il est de la responsabilité de l’État de fournir des produits sanguins sûrs. À ce jour, l’abandon de l’exclusion du don du sang des donneurs à risque remet en cause ce principe.

L’AFH rappelle que le système actuel de sélection des donneurs a montré son efficacité puisqu’aucune contamination de receveur par le VIH n’a été constatée depuis 10 ans.

Forte de son expertise, l’AFH sera la voix des malades bénéficiaires des traitements issus du don du sang auprès des autorités de santé pour exiger une sécurité transfusionnelle au moins équivalente à celle en vigueur aujourd’hui.

Contact presse :

Edmond-Luc HENRY

Président d’honneur de l’AFH

henry.edmond-luc@orange.fr / 06 07 73 52 18

Vous pouvez lire également la déclaration de la ministre des Affaires sociales, de la santé et des droits des femmes faite le dimanche 12 avril sur France 3

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