Essai thérapeutique Emicizumab

L’Association française des hémophiles a appris la semaine dernière le décès d’un hémophile avec inhibiteur qui suivait l’essai thérapeutique de l’anticorps bi-spécifique Emicizumab du Laboratoire Roche.

Cette personne n’habitait pas en France. C’est avec une profonde tristesse que nous apprenons cette nouvelle et nous souhaitons transmettre nos profondes condoléances à la famille.

Il apparaît à ce jour, et à ce stade de l’investigation, que le médicament objet de l’essai, n’est pas en cause et que le décès est du à la situation médicale particulièrement compliquée de la personne qui suivait l’essai. Les investigations, cependant, sont toujours en cours et l’AFH suit, en liaison avec l’Agence nationale de la sécurité du médicament, les responsables de l’essai en France et les responsables médicaux de Roche, leurs développements. L’AFH a demandé à Roche et aux responsables français de l’essai, d’effectuer une enquête sur l’ensemble des causes ayant pu entraîner le décès de cette personne pour permettre de déterminer comment cela aurait pu être évité.

Cette nouvelle ne doit pas remettre en cause le principe général de la nécessaire participation des patients à des essais thérapeutique qui seule permet l’arrivée de thérapeutiques innovantes. Elle nous rappelle cependant que participer à un essai est un choix volontaire, qui se doit d’être éclairé par toutes les informations utiles au choix de la personne, avec les médecins qui propose une telle participation. L’AFH se tient strictement informée du développement de ce dossier en liaison avec les autorités sanitaires françaises, les responsables médicaux de l’essai en France et le laboratoire Roche. Nous sommes à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

Nous vous présentons ci-dessous le communiqué de Roche :

Chez Roche, nous respectons et attachons énormément d’importance aux liens très étroits qui existent au sein de la Communauté hémophile. Nous comprenons également le rôle essentiel que jouent les associations de patients au sein de cette Communauté. En tant que tel, nous souhaitons vous mettre officiellement au courant d’événements qui ont eu lieu récemment au cours de notre étude HAVEN 1.

HAVEN 1 est une étude de phase III en cours qui étudie la sécurité et l’efficacité d’emicizumab chez des patients âgés de 12 ans et plus atteints d’hémophilie A, présentant des inhibiteurs anti-facteur VIII.

En accord avec nos obligations réglementaires qui visent à recevoir et s’assurer de la soumission et l’investigation de tout événement indésirable (EI), 2 nouveaux événements indésirables graves (EIG) chez un patient inclus dans l’étude HAVEN 1 nous ont été notifiés. Malheureusement, nous avons été informés que le patient est décédé. Nous sommes profondément attristés par cette nouvelle.

L’essai clinique HAVEN 1 étant toujours en cours, les informations dont nous disposons à ce jour et qui peuvent être partagées sont de ce fait limitées, afin de protéger l’intégrité de l’étude. Vous trouverez ci-dessous un court résumé de ce qui s’est passé.

Nous avons appris que le patient a eu une grave hémorragie rectale (le premier EIG rapporté) et a reçu des agents by passant, y compris des doses répétées du complexe prothrombinique activé (aPCC), à la suite desquelles le patient a développé des signes de microangiopathie thrombotique (MAT) (second événement indésirable grave).

Le rapport préliminaire indique que les caractéristiques cliniques et biologiques de ce cas de MAT sont en cohérence avec ce qui a été observé dans les 2 cas précédents. L’évaluation des informations dont nous disposons pour ce cas est, cependant, encore en cours.

Après l’arrêt de l’aPCC, les données biologiques associées au cas de MAT (le niveau des plaquettes et du LDH) se sont améliorées.

Selon le rapport, le traitement de l’hémorragie a été compliqué car le patient a refusé d’avoir recours aux transfusions sanguines. L’évaluation de l’investigateur indique que la cause du décès est l’hémorragie rectale, et qu’elle n’est pas liée à emicizumab.

En se fondant sur les détails disponibles à propos de ce cas et de notre évaluation initiale, nous pensons que la conduite à tenir dans le protocole actuel de notre essai clinique concernant l’utilisation des agents by passant reste appropriée.

Il y est recommandé d’éviter, si possible, l’utilisation d’aPCC ainsi que d’utiliser les doses les plus faibles possibles d’agents by passant chez les patients recevant emicizumab.

Nous continuons d’analyser le cas de ce patient dans le détail et mettrons à jour toute recommandation si nécessaire.

Nous avons développé nos recommandations en consultation avec le Comité Indépendant de Surveillance des Données (IDMC) qui comprend des experts cliniques et scientifiques en hémophilie très reconnus.

Nous évaluerons les informations de ce cas dans le contexte des autres informations de nos essais cliniques en cours

Nous présenterons lors d’une prochaine conférence médicale, les résultats de l’étude HAVEN 1 avec emicizumab chez des personnes atteintes d’hémophilie A avec inhibiteurs anti- facteur VIII, qui apporteront une meilleure compréhension du rapport bénéfice/risque d’emicizumab dans cette population de patients.

Pour nous tous chez Roche, la sécurité des patients est primordiale. Nous continuerons à travailler étroitement avec l’IDMC, le Comité de Suivi et nos investigateurs afin d’évaluer tous les événements de sécurité qui ont pu être observés et permettre que des mesures adéquates soient mises en place pour continuer à assurer la sécurité des patients.

Nous recommandons aujourd’hui que toutes les questions relatives aux événements de sécurité soient relayées auprès de la filiale Roche de votre pays. Les questions des patients participants à l’essai clinique d’emicizumab doivent être transmises à leur médecin investigateur.