Populations exclues du don du sang – vous avez la parole

Populations exclues du don du sang

Résultat de l’étude Complidon :
l’Association française des hémophiles reste au cœur de l’enjeu du don du sang

Votre avis et vos questions sur le dossier intéressent l’AFH.

Vous trouverez, à l’issu de la lecture de ce dossier, un lien vers un formulaire où déposer votre avis et vos questions.

Introduction
En juillet 2016, les critères de sélection au don du sang ont été modifiés par la Ministre de la santé. Avant 2016, l’exclusion des HSH était définitive, en 2016 le don a été ouvert aux HSH n’ayant pas eu de relation sexuelle au cours des 12 derniers mois.

Deux ans après, les résultats d’une étude appelée Complidon rendent compte du respect des critères de sélection après cette modification. Complidon est un questionnaire envoyé aux 420.000 donneurs entre septembre et décembre 2017, dont les tests de dons sont séro-négatifs. Un quart des donneurs ont répondu, ce qui permet d’avoir une étude solide.

Parler du don du sang à l’AFH, c’est un sujet sérieux et qui reste douloureux. Nous devons tenir compte de l’histoire de notre communauté, que nous n’avons pas oubliée, et des réalités actuelles sur les plans tant scientifique qu’épidémiologique. Ces deux points sont essentiels pour forger notre opinion.

Positions de l’AFH

Comme le rappelle l’AFH depuis 2014, le don du sang n’est pas un droit. En revanche, il existe bien un droit pour les bénéficiaires des dons du sang d’avoir à leur disposition des médicaments et des produits de la meilleure qualité sanitaire possible.

Le don du sang n’est pas un don par la seule volonté du donneur. Il ne le devient que lorsque toutes les mesures sanitaires ont été mises en place pour protéger les bénéficiaires contre tout risque de transmission d’agents pathogènes.

Parmi l’éventail des mesures, l’exclusion de certains candidats au don du sang vise à réduire le plus possible les risques de contamination. Ceci contribue à l’objectif général d’assurer un niveau élevé de protection de santé publique. Pour l’AFH, ce point n’est pas négociable.

Depuis le drame du sang contaminé, les principes de l’AFH s’inscrivent dans ce cadre. Seuls des résultats scientifiquement étayés permettent de modifier les critères d’exclusion au don du sang.

Critères modifiés en 2016

En juillet 2016, un arrêté ministériel est venu modifier les critères de sélection/exclusion des donneurs. Le groupe de travail, dont l’AFH faisait partie, s’était appuyé sur des données scientifiques robustes.

Le don du sang a alors été ouvert aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) sous condition qu’ils n’aient eu aucune relation sexuelle depuis un an. Cet arrêté a également ouvert le don de plasma aux HSH sous condition d’une abstinence de 4 mois.

À l’époque, un second argument avait motivé ce changement. Les enquêtes prouvaient qu’une partie des donneurs, dont les HSH, omettait de signaler des causes d’exclusion lors de l’entretien préalable au don du sang.

Situation en 2018 éclairée par Complidon

En novembre 2018, l’AFH a été informée, lors d’une réunion au ministère de la Santé, des résultats de l’étude Complidon menée par l’agence Santé Publique France, à la suite de la modification de l’arrêté de 2016.

Les résultats de cette étude montrent que le risque d’avoir des dons positifs au VIH est identique avant et après cette ouverture : « La dernière modification de ces critères en juillet 2016 a notamment permis aux hommes ayant eu des rapports sexuels avec des hommes au cours de la vie, de donner leur sang à la condition de ne pas avoir eu de rapports entre hommes au cours des 12 derniers mois. Cette modification n’a pas eu d’impact sur le risque de transmission du VIH par transfusion. »

Une des hypothèses expliquant cette situation serait que les HSH donneurs de sang sont exposés au risque VIH à un niveau comparable au reste de la population générale, contrairement aux HSH non donneurs, restant 70 fois plus touchés que la population.

Complidon montre également que les critères d’exclusion ne sont pas respectés par 3,6 % des donneurs qui ont donné alors qu’ils avaient un critère d’exclusion. Ces fausses déclarations touchent principalement les HSH, mais aussi les hétérosexuels. Les fausses déclarations peuvent constituer un risque d’apparition de don faisant apparaître des agents pathogènes dont le VIH.

Pistes de travail proposées

Comment faire en sorte que les donneurs fassent des déclarations sincères et complètes lorsqu’ils viennent dans un centre de collecte du sang de l’Etablissement Français du Sang ?

À partir de ces résultats, le ministère de la Santé a demandé à l’agence Santé Publique France d’évaluer 3 scenarii :

scénario 1 : aligner les causes d’exclusion du don du sang des HSH sur le reste de la population, c’est à dire ne peuvent faire un don du sang que les personnes mono-partenaires les 4 derniers mois précédant le don ;
scénario 2 : maintenir une abstinence mais, cette fois-ci, de 4 mois spécifiquement pour les HSH ;
scénario 3 : maintenir le critère d’exclusion de 12 mois avec abstinence (la situation actuelle).


=> Le Conseil d’administration de l’AFH du 1er décembre prochain décidera de la méthodologie de travail au sein de notre communauté.
Eléments pour le débat en cours :

– Chaque don du sang fait l’objet d’une « qualification biologique » par l’Établissement français du sang, ainsi chaque échantillon de sang prélevé est testé pour savoir s’il est porteur d’agents pathogènes comme le VIH.

– Les procédés techniques récents permettent de diminuer significativement la fenêtre silencieuse, c’est-à-dire la période de temps entre la contamination et la détection d’anticorps, au cours de laquelle il n’est pas possible d’identifier la présence du virus.

– Les résultats de Complidon montrent qu’il est possible de penser l’accès au don du sang non plus par l’exclusion d’une catégorie de la population, mais en raison de comportements ou de situations jugés, à titre individuel, à risque parmi la population. Ce changement de paradigme oblige les acteurs à ajuster l’organisation du don du sang.

Les résultats de Complidon, nous invitent donc, en tant que mouvement associatif, à réfléchir collectivement à ce sujet.
Nous avons jusqu’au 1er février prochain, date de la prochaine réunion avec le ministère de la Santé, pour travailler la question et adresser nos interrogations.