Déclaration de l’AFH au Conseil d’administration de l’EFS

L’Association française des hémophiles qui représente l’ensemble des usagers du système de santé au sein du conseil d’administration de l’Établissement français du sang (EFS) ne peut être présente et le regrette vivement. C’est donc par l’intermédiaire du représentant du personnel Monsieur Frédéric Didelot, porteur de son pouvoir, que l’AFH souhaite faire entendre sa voix.

Ce choix n’est évidemment pas un hasard et traduit une analyse convergente de ceux qui
font la transfusion et ceux qui en bénéficient.

L’EFS connaît un choc social. Nous constatons l’impossibilité d’assurer les 400 recrutements de professionnels nécessaires à l’exercice des métiers de la chaîne transfusionnelle, de la collecte à la délivrance. Des niveaux de salaires structurellement trop bas, du fait des blocages successifs de l’État, et une forte concurrence sur les métiers infirmiers et de techniciens de laboratoires, expliquent objectivement cette situation. L’EFS, faute de ressources humaines, ne peut plus exercer dans de bonnes conditions ses missions.

Les risques viraux sont une réalité. Les virus de la Dengue et West Nile se transmettent en France maintenant par des moustiques autochtones ce qui impose à la fois

  • des mesures sanitaires rapides et ciblées qui nécessitent des ressources humaines
  • des mesures obligatoires de détection génomique virale pour les produits sanguins
    labiles issus des départements où les cas sont déclarés.

Ces mesures doivent être financées par l’État spécifiquement, ce qui n’est pas le cas.

Le modèle de valorisation des Concentrés de Globules Rouges (CGR) et du plasma a vécu. Les CGR qui représentent plus de 60% du chiffre d’affaires de l’EFS connaissent une baisse de consommation importante liée à la baisse de l’activité hospitalière. Le prix du plasma vendu au LFB est sous-évalué par rapport au prix mondial alors même que le coût de collecte et de qualification est supérieur.

Si l’EFS vit une réalité inquiétante, l’État vit dans l’utopie. Pour lui, les choses vont passer ou s’améliorer d’elles-mêmes. Malgré les nombreuses alertes exprimées et solutions présentées dans tous les cercles de pouvoirs, par ceux qui font la transfusion, l’État n’entend pas. Jusqu’à présent, l’AFH considérait que l’État maintenait a minima les capacités humaines et financières de l’EFS pour agir pour la plus grande sécurité des usagers. Ce n’est plus le cas.

Ces moyens humains et financiers doivent être à la hauteur de l’expertise qu’il est nécessaire de mobiliser pour sécuriser toute la chaîne transfusionnelle de la collecte à la délivrance.

L’EFS ne peut plus garantir la sécurité des donneurs et des bénéficiaires s’il ne peut recruter les personnels dont il a besoin ou les fidéliser et avoir le temps de les former.

Vous, les tutelles, vous avez le pouvoir de changer votre politique vis-à-vis de l’EFS. Faites-le.
Maintenant.