Le métier de chercheur

À l’occasion des différentes rencontres patients-chercheurs, vous êtes nombreux à vous interroger sur le métier de chercheur : quel cursus ? quels débouchés ? quelles qualités sont requises ?
Jeannine Klein, concernée par la maladie de Willebrand, avec l’appui d’Olivier Christophe, chercheur à l’Inserm, tous les deux membres du groupe de travail « Recherche », reviennent sur les différents aspects de la profession.

Comment devient-on chercheur ?

Il y a deux voies d’accès au métier de chercheur : soit un cursus scientifique, soit un cursus médical. La caractéristique commune est que les études sont longues (bac+8 au moins).

Le cursus scientifique nécessite l’obtention d’un master, suivi d’une thèse de doctorat, après quoi le passage « obligé » est d’effectuer des travaux de recherche en qualité de chercheur post-doctorant, souvent à l’étranger. Cette position, très précaire, peut durer plusieurs années (jusqu’à 10 ans pour certains).

Le cursus médical concerne des étudiants en médecine ou en pharmacie ayant passé le concours de l’internat (bac+6) et qui, parallèlement, passent aussi un master 2 en sciences. Ils effectuent une thèse en sciences en plus de leur thèse en médecine ou en pharmacie. Ce cursus permet d’avoir un temps partagé entre un poste à l’hôpital et un poste dans un laboratoire de recherche.

Quels sont les débouchés dans la recherche ?

Pour devenir chercheur titulaire dans un laboratoire de recherche d’un organisme public de recherche tels que l’Inserm ou le CNRS, il convient de passer un concours de la fonction publique. Pour cela, il faut notamment fournir une présentation écrite très détaillée des différents travaux de recherche déjà réalisés, ainsi qu’un projet de recherche qui s’inscrive dans la thématique d’un laboratoire existant.

Le projet est apprécié pour sa qualité, son adéquation aux missions de l’organisme d’accueil et son potentiel de valorisation économique, médicale et sociétale. Le candidat est, lui, évalué sur la qualité de son cursus, la qualité, le nombre et l’impact de ses publications, la valorisation de ses travaux (dépôts de brevets, contrats industriels) et son animation scientifique (collaborations, participations à des congrès, enseignement). Ce concours est très sélectif [1]. Des postes sont également offerts dans des laboratoires semipublics ou privés, avec une sélection également très rude.

Quelles sont les missions et les qualités principales pour exercer ce métier ?

Au départ, bien sûr, il faut aimer les sciences, mais aussi aimer communiquer et collaborer avec ses pairs.

L’objectif principal du chercheur est de mener à bien ses projets de recherche. Pour cela, il doit être capable d’exercer parallèlement de nombreuses activités car c’est un métier aux multiples facettes. Tout d’abord, il doit consacrer du temps à la recherche de financements. En effet, si les organismes publics assurent le salaire du chercheur, ils ne peuvent financer l’intégralité des projets.

Ceux-ci peuvent l’être par le secteur privé, avec l’industrie, les fondations, les associations caritatives, et par le secteur public, avec les Régions, l’Agence nationale pour la recherche, et la Commission européenne. Dans la plupart des cas, les projets sont soumis à un panel d’experts, dans le cadre d’un appel d’offres.

En parallèle, le chercheur a aussi vocation à encadrer une équipe (étudiants en master, doctorants, post-doctorants, jeunes chercheurs, personnels techniques) pour réaliser ses projets.

En outre, peu à peu le chercheur devient expert dans son domaine : il intègre les « sociétés savantes », est sollicité pour expertiser des publications, devient membre des commissions de recrutement, participe à l’évaluation des demandes de financement, est invité à faire des présentations lors de congrès ou colloques, etc. Il est aussi impliqué dans l’enseignement universitaire de 3e cycle.

Le chercheur a enfin pour mission de valoriser ses projets aux niveaux économique, médical et sociétal. Ainsi, il dépose des brevets qu’il valorise en établissant des contrats de licences avec des industriels. Ceux-ci le sollicitent pour du conseil ou des prestations. Au niveau médical, il peut être amené à coordonner des essais précliniques ou cliniques, à mettre en place des bases de données, des enquêtes, des centres d’investigation. Au niveau sociétal, le chercheur exerce par exemple des missions d’expertises pour les pouvoirs publics ou les instances internationales (OMS, etc.). Enfin, il participe à la diffusion de la connaissance auprès du grand public et réalise des actions en partenariat avec les associations de patients.

En somme, comment résumer ce métier ?

Le chercheur est un scientifique de très haut niveau, qui produit de nouveaux savoirs contribuant au progrès de la science. Il aime découvrir et partager mais sait se montrer patient et persévérant car ses travaux peuvent s’étendre sur une longue durée. Ce métier est une quête permanente jalonnée d’avancées, de doutes, de joies…

C’est une passion !

[1] En 2014, l’Inserm a proposé 84 postes de chercheurs au concours dans toute la France, pour 812 candidats